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La photographie André Rouillé
(maître de conférence à l’université
Paris-VIII. Il dirige le site Internet paris-art.com consacré à l’art
contemporain à Paris.) Coll. Folio-Essais – Éditions
Gallimard  Philosophe et maître de conférences à l’Université Paris
VIII, André Rouillé a hésité à intituler son dernier
ouvrage La photographie à l’endroit. Voilà qui en dit long sur l’ambition de
l’auteur.
En rupture avec ses pairs des années 1970-1980, André Rouillé se
propose de repenser la photographie. Il part d’un constat : au XIX siècle,
la photographie n’est qu’un outil au service de la société industrielle ;
aujourd’hui, les photographies, exposées dans les musées, sont contemplées pour
elles-mêmes. Ce sont les enjeux de cette évolution qu’André Rouillé s’attache à
décrypter.
Ce faisant, il attaque les notions d’empreinte, d’indice ou de trace
ainsi que le fameux « ça a été » de Roland Barthes. Certes, le
principe technique de la photographie (l’action de la lumière -traces ou
empreintes lumineuses - sur les sels d’argent) donne du poids à ce type de
discours, mais la photographie, rétorque André Rouillé, n’est pas seulement
enregistrement de la réalité, mais aussi production d’une réalité. Ce passage de
la « photographie-document » à la
« photographie-expression » met en exergue la subjectivité du
photographe-auteur. Mais qui est-il ? Artiste ou photographe ? André
Rouillé distingue la « photographie des photographes » de la
« photographie des artistes », « en tous points
différente », précise-t-il. Problématiques, formes de
production, lieux d’expositions, réseaux… tout sépare ces deux univers. Les
artistes considèrent la photographie comme un matériau : à modeler, à
façonner, à retoucher. Ce nouvel art dans l’art, cet
« art-photographie », se joue des certitudes d’hier et ouvre de
nouvelles voies d’exploration.
Par les multiples pistes
de réflexions qu’elle invite à poursuivre, cette très vaste étude (705 pages) a
déjà l’étoffe d’un livre incontournable. Voir
aussi
Rym
Nassef |